Shoooping.ca: un centre d’achat virtuel qui va faire patate
15 septembre 2016 |Je suis restée estomaquée par la couverture médiatique dont a bénéficié la nouvelle plateforme de magasinage du chroniqueur techno François Charron. Baptisé sans imagination shoooping.ca, le centre d’achat virtuel vise ni plus ni moins à concurrencer Amazon au Québec. Je ne veux pas jouer les emmerdeuses, mais soyons sérieux un instant : il s’agit probablement de la pire stratégie commerciale de tous les temps. Je vous explique pourquoi en énumérant les principales forces d’Amazon :
- Leader mondial du commerce en ligne
- Choix d’articles infini
- Prix super compétitifs
- Branding de confiance
- Délais de livraison rapides ou très rapides
- Capacité d’innovation extraordinaire
- Excellente expérience client
- Etc.
La seule manière de faire concurrence à Amazon dans le commerce de détail en ligne… c’est de ne pas essayer de faire concurrence à Amazon! Pour réussir, les détaillants doivent se trouver une niche et développer leur marque. Se présenter en généraliste, c’est l’équivalent de provoquer Darth Vader en duel, pour ensuite l’attaquer avec des ustensiles de cuisine. Bonne chance.
Mais les marchands sont Québécois!
Laissez-moi tranquille avec cet argument bidon. Le fait que les marchands présents sur Shoooping.ca soient Québécois ne change rien. Se draper de la vertu du drapeau, c’est bien noble, mais l’argument ne fait pas le poids si tu vends ton téléphone 50$ plus cher que le voisin. De toute façon, il y a des limites à jouer sur la fibre patriotique alors que l’on trouve sur le site des produits faits en Chine ou au Bangladesh!
Je suis consciente que sur les 8 milliards de dollars que les Québécois achètent, chaque année sur le Web, 3$ sur 4$ sortent de la province. C’est dramatique. Mais la solution n’est certainement pas de lancer un centre d’achat virtuel non différencié qui offre moins de choix à des prix plus élevés.
Les détaillants québécois aux prises avec la concurrence du commerce électronique doivent rapidement se questionner sur leur modèle d’affaires au lieu de chercher une solution web miracle. Est-ce que mes produits sont exclusifs? Est-ce que ma marque est bien développée et suffisamment connue? Est-ce que je suis en mesure d’être très performant dans ma niche? À défaut de pouvoir répondre avec assurance à ces interrogations, les marchands devront vivre avec le déclin de leur profitabilité. À moyen terme, la survie de plusieurs d’entre eux sera remise en question, qu’ils fassent le saut sur Internet ou non.
Choisir de faire partie d’un petit marché aux puces virtuel (qu’il soit 100% Québécois n’y change rien) constitue donc une fausse bonne idée qui ne servira qu’à enrichir François Charron de quelques dollars avec lesquels, si j’étais lui, j’achèterais des actions d’Amazon!
😉
Stéphanie
Ce texte a originalement été publié dans le blogue Marketing & Cie.