Radio-Canada, par ici la sortie!
6 juin 2013 |Après plus de sept décennies, Radio-Canada se nommera dorénavant ici. Une stratégie de marque visant à regrouper toutes les propriétés de la société d’État sous une même appellation, un dénominateur commun en quelque sorte.
ici remplace donc l’expression RADIO TÉLÉVISION INTERNET qui était utilisée en combinaison avec le logo de Radio-Canada depuis l’intégration des Services français.
Chaque fois qu’un rebranding majeur touche une marque classique, on crie au scandale et les médias sociaux s’enflamment. Voici d’ailleurs quelques perles pigées sur Twitter :
« Radio-Canada devient ici. En région, ce sera icitte! »
« Le meilleur slogan pour ici: Ici c’est Pepsi! »
– «Tu as vu ça où?»
– «À ici.»
– «Où ça?»
– «À Ici… Radio-Canada, là!»
– «Aaaaaah!»
« Les correspondants à l’étranger de @iciRadio-Canada devront dire que là-bas, c’est ici, ou vice-versa? »
Blague à part, on comprend que Radio-Canada, dans un monde en pleine convergence, désire lier ses plateformes entre elles pour renforcir sa position stratégique. J’achète complètement cette vision.
Mais au-delà des considérations d’affaires, le discours marketing s’embrouille. La direction de Radio-Canada veut se repositionner afin d’être perçue comme une marque moins ennuyante par les jeunes et les fidéliser. Très bien. Mais Radio-Canada est une institution, pas un simple produit de consommation. Une marque équivalente à celle de la BBC, en somme. En langage clair, on ne touche pas à ça!
La fidélisation de l’auditoire passe d’abord par les contenus. Un produit plate présenté par Radio-Canada, TVA, V Télé ou par ici reste un produit plate. On n’écoute pas HBO parce que la chaîne porte un nom sexy, mais parce que les séries qu’elle propose sont de très haute qualité. Au lieu de jouer les Clotaire Rapaille, la direction devrait plutôt se poser la question suivante : «Si les gens devaient payer pour continuer d’avoir accès à Radio-Canada, le feraient-ils»?
Nonobstant mes réserves, je conviens que l’appellation ici n’est pas entièrement une mauvaise idée. C’est court, c’est simple et cela fait déjà partie du vocabulaire radio-canadien. Mais ici sonne aussi très «local» et près du «vrai» monde. Moi, j’aime bien que la télé m’amène ailleurs.
Radio-Canada a toujours misé sur une essence de marque incarnant la qualité. Espérons qu’avec ici, cette identité elle, ne changera pas.
À la semaine prochaine,
Stéphanie